Établir de nouvelles relations et connexions dans la gestion des urgences : Le rôle des praticiens du travail social et des professionnels des services humains dans la reprise après une catastrophe

Eva Angelyna Bogdan
Professeur adjoint, Gestion des catastrophes et des urgences

Julie Drolet
Professeur, Faculté de travail social, Université de Calgary et directeur du projet Transforming the Field Education Landscape (transformation du paysage de l’éducation sur le terrain)

Kamal Khatiwada
Coordinateur de la formation et du mentorat au projet Transforming the Field Education Landscape (TFEL)

Martin Gendron
Assistant de recherche, Faculté de travail social, Université de Calgary

Bonnie Lewin
Planificateur des urgences, Ville de Calgary

Elladee Windsor
Une étudiante en MSW, assistante de recherche, Faculté de travail social, Université de Calgary

Abstract

Stimulées par la crise climatique, les catastrophes augmentent en fréquence et en gravité dans le monde entier. Dans l’Ouest canadien, les impacts des inondations de 2013, des incendies de forêt de 2016 et de la pandémie de Covid-19 ont dévasté les communautés. Les travailleurs sociaux et les professionnels des services à la personne qui aident à répondre aux besoins des individus, des familles, des groupes et des communautés pour surmonter les difficultés, comme les assistants d’éducation, les travailleurs de proximité et les travailleurs de soutien aux enfants et aux familles, participent de plus en plus aux phases d’atténuation, de préparation, d’intervention et de rétablissement des catastrophes. Cependant, leur rôle n’est pas toujours visible ou compris par les professionnels de la gestion des urgences. Le travail social est une profession fondée sur la pratique qui répond aux besoins des individus, des familles, des groupes et des communautés, et qui s’attaque aux obstacles et aux injustices dans les organisations et la société. Cet article partage les conclusions de l’étude “In the aftermath of the 2016 Alberta wildfires : Le rôle des praticiens du travail social et des professionnels des services à la personne dans le rétablissement à long terme des catastrophes.” L’étude a adopté une approche de recherche à méthode mixte qui a recruté 140 participants pour partager leurs expériences lors d’entretiens semi-structurés, d’un sondage en ligne et de groupes de discussion. Une analyse thématique des données a révélé que les travailleurs sociaux et les praticiens des services à la personne jouent de nombreux rôles essentiels dans la reconstruction après une catastrophe. Il s’agit notamment de la défense des intérêts, de l’évaluation, du conseil, de l’intervention en cas de crise, des soins tenant compte des traumatismes, du soutien par les pairs, du développement communautaire, de la fourniture de services et de programmes, de la recherche et du soutien aux premiers intervenants. Les travailleurs sociaux peuvent également apporter une contribution précieuse à d’autres phases de la catastrophe. Par exemple, les travailleurs sociaux sont intégrés dans les communautés et ont des relations avec les résidents qui peuvent éclairer les plans d’urgence. Ils donnent aux professionnels de l’urgence un aperçu des besoins des résidents et apportent des compétences de collaboration qui améliorent les programmes de préparation et d’atténuation. Les résultats de l’étude appellent à une plus grande reconnaissance du rôle des travailleurs sociaux et des professionnels des services humains dans les catastrophes par les professionnels de la gestion des urgences. Des implications et des recommandations pour les professionnels du travail social et de la gestion des urgences sont proposées afin de faciliter la collaboration interdisciplinaire.

Remerciements

Nous souhaitons remercier Shivani Samra qui a contribué à l’étude. Ce projet est financé en partie par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

Introduction

Les catastrophes naturelles sont exacerbées par le changement climatique, et le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la planète (Warren et Lullham, 2021). Depuis 1900, le Canada a connu 844 catastrophes naturelles telles que des inondations, des tempêtes violentes, des froids extrêmes, des sécheresses, des incendies de forêt, des tremblements de terre, des glissements de terrain et des épidémies (Agrawal et al., 2021). Le coût des catastrophes naturelles dues à des conditions météorologiques extrêmes s’élève en moyenne à environ 2 milliards de dollars par an et a augmenté de près d’un demi-milliard de dollars par rapport à il y a dix ans (Warren et Lulham, 2021) et a déplacé des milliers de personnes (Sécurité publique Canada [SPC], 2019). L’incendie de forêt de 2016 en Alberta est reconnu comme l’une des pires catastrophes de l’histoire du Canada (Brown et al., 2019). Les travailleurs sociaux et les professionnels des services à la personne, qui aident à répondre aux besoins des personnes, des familles, des groupes et des communautés pour surmonter les difficultés et atteindre leur niveau optimal, et qui font partie de la main-d’œuvre des services sociaux , participent de plus en plus aux phases d’atténuation, de préparation, d’intervention et de rétablissement des catastrophes. Cependant, leur rôle n’est pas toujours visible ou compris par les professionnels de la gestion des urgences. Cet article partage les conclusions d’une étude sur les rôles des praticiens du travail social et des professionnels des services humains dans le rétablissement à long terme des catastrophes.

Changements dans la gestion des urgences et des catastrophes : Approche globale de la société

La résilience aux catastrophes est l’un des fondements du plan du gouvernement du Canada, qui prévoit notamment de fournir de l’aide aux plus vulnérables (Gouvernement du Canada, 2020). Elle est également au cœur du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophes 2015-2030 des Nations Unies (2015), dont le Canada est signataire, et qui stipule ce qui suit :

il est urgent et essentiel d’anticiper, de planifier et de réduire les risques de catastrophe afin de protéger plus efficacement les personnes, les collectivités et les pays, leurs moyens de subsistance, leur santé, leur patrimoine culturel, leurs actifs socioéconomiques et leurs écosystèmes, et de renforcer ainsi leur résilience (p. 10).

Contrairement au précédent Cadre de Hyogo, le Cadre de Sendai encourage la réduction des risques de catastrophe (plutôt que la gestion de l’impact des catastrophes), passant ainsi de la réaction à la prévention (Mizutori, 2020). Le cadre de Sendai met également l’accent sur la promotion de solutions locales et l’inclusion, ainsi que sur le passage d’une approche centralisée du haut vers le bas (gouvernement) à une approche “centrée sur les personnes” et sur l’ensemble de la société. L’implication est que la réduction des risques devient l’affaire de tous, en répartissant la responsabilité entre une série de parties prenantes publiques, privées et hybrides.

De même, l’amélioration des approches communautaires ou de l’ensemble de la société et les collaborations interprofessionnelles sont également au cœur des domaines prioritaires stratégiques 1 et 4 (respectivement) de la Stratégie de gestion des urgences pour le Canada (CFP, 2019). Plus précisément, le domaine prioritaire stratégique 1 consiste à ” améliorer la collaboration et la gouvernance de l’ensemble de la société pour renforcer la résilience ” (CFP, 2019, p. 10). Tous les membres de la société et tous les ordres de gouvernement ont un rôle important à jouer dans la gestion des urgences et ” incluent diverses voix au niveau opérationnel et dans les processus décisionnels ” (CSP, 2019, p. 10). Une telle approche inclusive présente deux avantages principaux, tant pour les membres qui ne font pas partie de la gestion des urgences que pour les partenaires de la gestion des urgences (CSP, 2019). Premièrement, l’amélioration de la qualité de la gestion des urgences et des efforts de réduction des risques de catastrophe (y compris l’adaptation au changement climatique de résilience) en intégrant divers points de vue, expériences et capacités. Dans le contexte de l’engagement autochtone, cela inclut des approches sensibles à la culture et fondées sur les forces, ainsi que l’élaboration conjointe de solutions. Le deuxième avantage est une meilleure compréhension du large éventail de parties prenantes et un engagement accru. Le domaine prioritaire stratégique 4 consiste à ” améliorer la capacité et la coordination des interventions en cas de catastrophe et à favoriser le développement de nouvelles capacités ” (CSP, 2019, p. 20). La priorité 4 souligne la nécessité d’améliorer la formation des partenaires de la gestion des urgences par le biais d’exercices visant à tester et à valider les plans de gestion des urgences afin de s’assurer qu’ils sont efficaces pendant toutes les phases de la catastrophe et d’encourager la participation des partenaires de la gestion des urgences, et de communiquer entre les différents secteurs (CFP, 2019).

Les domaines prioritaires 2, 3 et 5 sont également importants et complètent les domaines prioritaires 1 et 4. Le domaine prioritaire 2 consiste à ” améliorer la compréhension des risques de catastrophe dans tous les secteurs de la société ” (PSC, 2019, p. 13). Le domaine prioritaire 3 consiste à ” mettre davantage l’accent sur les activités de prévention et d’atténuation des catastrophes dans l’ensemble de la société ” (CSP, 2019, p. 17). Et la priorité 5 est de ” renforcer les efforts de rétablissement en reconstruisant mieux pour minimiser les impacts des futures catastrophes “, avec un objectif global de réduction de la vulnérabilité aux dangers (PSC, 2019, p. 23). En somme, l’atteinte des objectifs de la Stratégie de gestion des urgences pour le Canada et du Cadre de Sendai nécessite l’inclusion de tous les intervenants touchés et des collaborations interdisciplinaires et interprofessionnelles tout au long des phases de la catastrophe.

Inclusion des populations vulnérables dans le travail social et les catastrophes

L’expertise des praticiens du travail social dans le travail avec les populations à risque leur permet de jouer un rôle essentiel dans le soutien des plus vulnérables de la société en cas de catastrophe. Une nouvelle définition mondiale du travail social adoptée en juillet 2014 prévoit ce qui suit :

Le travail social est une profession basée sur la pratique et une discipline universitaire qui promeut

le changement social et le développement, la cohésion sociale, ainsi que l’autonomisation et la libération

des personnes. Les principes de justice sociale, de droits de l’homme, de responsabilité collective et de respect des diversités sont au cœur du travail social.

respect des diversités sont au cœur du travail social. S’appuyant sur les théories du travail

sociales, les sciences sociales, les sciences humaines et les connaissances autochtones, le travail social engage

les personnes et les structures pour relever les défis de la vie et améliorer le bien-être. (International Federation of Social Workers, 2014)

La profession de travailleur social adopte un cadre d’exercice fondé sur le plaidoyer et orienté vers l’action, ce qui peut faciliter le traitement des questions liées à la justice sociale de manière à s’aligner sur les objectifs d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI). Les praticiens du travail social s’efforcent de garantir la participation inclusive et accessible des communautés à la conception et à la mise en œuvre des politiques, des plans et des normes (Miller, 2012), y compris celles liées aux catastrophes. Les droits politiques, socio-économiques et culturels individuels et collectifs des personnes, ainsi que leur droit à un environnement sûr, propre et sain, sont au cœur de l’éducation, de la pratique, de la recherche et des débats et actions politiques du travail social et du développement social (IASSW, ICSW, IFSW, 2019).

Les travailleurs sociaux jouent un rôle essentiel en soutenant la préparation des personnes aux catastrophes et en naviguant dans l’expérience post-catastrophe, en particulier avec les personnes qui font face à un désavantage social accru (Harms & Alston, 2018). Dans les contextes de catastrophe, certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres, même au sein d’un même ménage (Alston et al., 2019). Fordham note que “la vulnérabilité est ancrée dans des relations et des processus sociaux complexes et se situe carrément à l’intersection entre l’homme et l’environnement, nécessitant des solutions sociales si l’on veut réussir à réduire les risques (Fordham et al., 2013, p. 12). L’intersectionnalité tient compte des facteurs (tels que l’âge, le sexe, la race, l’ethnicité, la classe, le handicap) qui façonnent la vulnérabilité et la résilience dans différents contextes à différents moments, par exemple les femmes âgées (Alston et al., 2019 ; PSC, 2019 ; Wisner et al., 2003). Compte tenu des vulnérabilités intersectionnelles des personnes, il est d’une importance capitale d’adopter une approche centrée sur les personnes tout au long des phases de la catastrophe. La pratique du travail social vise à ” aborder la vulnérabilité des personnes et du lieu, à comprendre les nuances de la communauté afin d’évaluer les personnes en marge, à favoriser l’inclusion et à s’assurer que les ressources sont distribuées de manière juste et équitable ” (Alston, Hazeleger, & Hargreaves, 2019, p. 231).

L’approche centrée sur les personnes du Cadre de Sendai est similaire à celle utilisée par la profession du travail social (Wahlstrom, 2017). Selon Alston et al. (2019), les travailleurs sociaux du monde entier sont engagés dans des stratégies de renforcement de la résilience, comme l’aide aux communautés pour entreprendre des projets de réduction des risques de catastrophe, l’organisation de travaux de groupe, l’entreprise du développement communautaire, l’autonomisation des populations locales et le plaidoyer pour des changements dans les politiques, les services et les soutiens. Après le tremblement de terre de Wenchuan en 2008 en Chine, les travailleurs sociaux ont élaboré des programmes d’intervention dans les écoles et ont formé des étudiants en travail social en tant que volontaires pour mener les activités visant à renforcer la résilience (Sim & Dominelli, 2017). Les travailleurs sociaux ont fourni des interventions individualisées en effectuant des visites à domicile et en travaillant étroitement avec des professionnels interdisciplinaires pour les évaluations. Les travailleurs sociaux sont connus pour utiliser leurs compétences en matière de gestion de cas pour favoriser le rétablissement après une catastrophe (Rowlands, 2013). À la suite de l’intervention de la pratique psychosociale dans le rétablissement post-catastrophe en Chine, les travailleurs sociaux ont promu le modèle du Sichuan qui adopte une approche de l’ensemble de la communauté en utilisant les principes de ” la participation locale ; des manières culturellement pertinentes d’être, de connaître et de faire face ; l’auto-assistance, y compris l’aide mutuelle ; l’emploi d’approches interdisciplinaires entre les parties prenantes ; et le comportement éthique dans un contexte post-catastrophe ” (Sim & Dominelli, 2017, p. 608).

Le domaine de la pratique du travail social post-catastrophe a émergé dans le cadre d’un changement de paradigme plus large dans les discours nationaux de la gestion des urgences en ce qui concerne la résilience communautaire et l’importance des rétablissements dirigés par la communauté et des réponses programmatiques codées plutôt que des approches descendantes (Harms & Alston, 2018). Par exemple, en Australie, la stratégie de rétablissement résilient du gouvernement victorien est engagée dans un processus hautement consultatif pour aborder ces éléments critiques, qui reconnaît la nécessité d’une participation interdisciplinaire et où le travail social a une contribution majeure à apporter, non seulement en première ligne pour aider les gens à restaurer leur vie, mais aussi dans les efforts de politique et de recherche (Harms & Alston, 2018).

Argumenter en faveur des collaborations interprofessionnelles

Les intervenants du travail social ont une longue histoire de soutien humanitaire lors de catastrophes (Dominelli, 2015). Historiquement, le travail social a mis l’accent sur les secours et les services d’urgence en temps de guerre, les catastrophes et les situations de crise nécessitant un cadre de bénévoles, particulièrement dans les services de santé et de santé mentale (Zakour, 1996). Des recherches récentes ont révélé que les praticiens du travail social en Alberta participent de plus en plus à toutes les phases de la gestion des catastrophes, y compris la préparation aux catastrophes et le rétablissement à long terme (Drolet et al., 2021). La participation des travailleurs sociaux dans les contextes de catastrophe s’accroît dans les domaines suivants : défense des intérêts, évaluation, conseils sur les politiques et les pratiques, réaménagement communautaire, sensibilisation, services sociaux, coordination des services, soutien psychosocial et conseils en matière de traumatismes (Drolet et coll., 2021). Une liste plus complète des rôles des praticiens du travail social dans les contextes de catastrophe est décrite en détail dans la section Conclusions et discussion ci-dessous. Les catastrophes se multiplient et la demande de travailleurs sociaux augmente. Malgré l’engagement des travailleurs sociaux dans la gestion des catastrophes et des urgences, leurs contributions sont largement invisibles et ne sont pas reconnues (Drolet et al., 2021 ; Hay & Pascoe, 2018).

La gestion des catastrophes est complexe et nécessite une approche globale et des collaborations interprofessionnelles pour être efficace. La gestion des urgences a évolué à partir des programmes de défense civile des années 1950 (Canton, 2020). Le personnel chargé de la gestion des urgences a souvent une formation militaire, policière et de pompier et la formation préparatoire tend à se concentrer sur la première réponse ou le niveau de réponse tactique. Les services sociaux d’urgence sont un programme d’urgence géré par les services de gestion des urgences pour répondre aux besoins fondamentaux des individus en matière de nourriture, de vêtements, de logement et de soins aux animaux domestiques lorsqu’ils ont été touchés par une catastrophe dans les 72 heures suivant l’événement. Il est important de reconnaître que les services sociaux d’urgence (souvent des bénévoles) et les praticiens du travail social (professionnels agréés) occupent des rôles différents dans des espaces différents. La méthode d’intervention tactique de gestion des urgences est le système de commandement des incidents (SCI) (voir la figure 3.5 de Canton, 2020) qui est “un système de gestion normalisé sur place conçu pour permettre une gestion efficace et efficiente des incidents en intégrant une combinaison d’installations, d’équipements, de personnel, de procédures et de communications fonctionnant au sein d’une structure organisationnelle commune” (Microtek Corporation, 2021, paragraphe 1). Cette structure hiérarchique de commandement facilite une communication claire pendant la période de crise intense, mais ne laisse pas suffisamment de temps pour adapter l’attention aux besoins d’individus ou de groupes sociaux spécifiques. Les praticiens du travail social se concentrent sur l’individu, la famille, le groupe et la communauté de manière participative, collaborative et en renforçant l’autonomie. La recherche montre que le rétablissement après une catastrophe peut prendre beaucoup de temps (Brown et al., 2019 ; Drolet, 2019). Les praticiens du travail social et de la gestion des urgences peuvent travailler ensemble en tant qu’alliés pour tirer parti des forces de chacun dans le parcours de reconstruction et de renforcement de la résilience.

Méthodes

Pour comprendre les perspectives des participants à la suite des feux de forêt de 2016 en Alberta, l’étude a adopté un cadre constructiviste reconnaissant que les expériences vécues sont socialement construites (Creswell & Creswell, 2018 ; Denzin & Lincoln, 2011). Les méthodes de recherche comprenaient des entretiens individuels, un sondage en ligne et des discussions de groupe. Au total, 140 personnes ont participé à l’étude, dont 40 participants à des entretiens individuels, six groupes de discussion avec 11 participants et 89 répondants au sondage. Les entretiens et les discussions de groupe ont porté sur le rôle des praticiens du travail social et des professionnels des services à la personne dans le rétablissement à long terme des catastrophes depuis les feux de forêt de 2016 en Alberta. Les participants ont été recrutés dans une variété d’organisations de services à la personne, d’organisations communautaires, d’organisations à but non lucratif et d’organismes gouvernementaux qui ont participé aux efforts de rétablissement. Les critères de participation comprenaient le fait d’avoir une expérience directe de la prestation de services sociaux dans le contexte des incendies de forêt de 2016 en Alberta. Les participants ont été informés de l’objectif de l’étude et ont donné leur consentement éclairé pour participer avant la séance. Les entretiens et les groupes de discussion duraient environ 45 à 60 minutes. Les entretiens et les groupes de discussion ont été menés à l’aide d’une plateforme Zoom ou par téléphone afin de respecter les protocoles COVID-19. Chaque session a été enregistrée avec la permission de chaque participant et des notes ont été prises. Chaque participant a reçu une carte cadeau électronique de 20 $ à titre d’incitation. Les enregistrements et les notes ont été transcrits et codés pour une analyse thématique visant à identifier les réponses similaires et à répondre aux questions et objectifs de la recherche. L’objectif de l’enquête était de connaître les rôles et les responsabilités des travailleurs sociaux dans le contexte d’une catastrophe. Les questions demandaient si les travailleurs sociaux étaient préparés à une catastrophe, comment ils réagissaient à une catastrophe, et quel rôle ils jouaient. Le recrutement des participants a été promu dans divers réseaux tels que les établissements postsecondaires offrant des programmes de formation en travail social et le bulletin d’information en ligne du Alberta College of Social Workers (ACSW). Les répondants au sondage devaient indiquer s’ils étaient travailleurs sociaux ou étudiants en travail social. La dernière section de l’enquête portait sur les impacts des feux de forêt de 2016 en Alberta. Les entretiens ont été réalisés entre juin et septembre 2020, et les groupes de discussion et l’enquête ont été mis en œuvre en avril et mai 2021. Le comité d’éthique de la recherche humaine de l’Université de Calgary a approuvé l’étude avant que la collecte de données ait lieu.

Conclusions et discussion

Une analyse thématique des données a révélé que les travailleurs sociaux et les praticiens des services humains jouent de nombreux rôles essentiels dans le rétablissement après une catastrophe. Il s’agit notamment de la défense des intérêts, de l’évaluation, de l’éducation, du développement communautaire, du conseil, de l’intervention en cas de crise, de la mobilisation des connaissances, des soins tenant compte des traumatismes, du soutien par les pairs, de l’évaluation des politiques et des recommandations, de la fourniture et de la création de services et de programmes, du soutien au rétablissement à long terme, de la recherche et du soutien aux premiers intervenants. Le tableau 1 illustre les rôles des travailleurs sociaux et des professionnels des services à la personne au cours des quatre phases de la gestion des catastrophes : atténuation, préparation, intervention et rétablissement.

Tableau 1

Rôles des travailleurs sociaux et des professionnels des services à la personne en cas de catastrophe

Rôle des travailleurs sociaux et des professionnels des services sociaux en cas de catastrophe

Atténuation

Préparation

Réponse

Récupération

Plaidoyer

X

X

 X

X

Évaluation

X

X

X

X

Education

 

X

 

 

Développement communautaire

X

X

 X

X

Suivi psychologique

 

 

X

X

Intervention enc as de crise

 

 

X

 X

Mobilisation des connaissances

X

X

X

 X

Soins basé sur les traumatismes

 

 

X

X

Soutien des pairs

 

 

X

X

Évaluation des politiques et recommandations

X

X

 

X

Fournir et créer des services et programmes

X

X

X

X

Fournir un soutien au rétablissement long terme

 

 

 

X

Recherche

X

X

X

X

Souten aux intervenants d’urgence

 

 

X

 

 

 

 

 

 

Le tableau 1 montre que, dans toutes les phases de la catastrophe, les travailleurs sociaux jouent le rôle de défenseur, mènent des évaluations (par exemple, des individus, des familles et des groupes), s’engagent dans le développement communautaire, la mobilisation des connaissances, et fournissent et créent des services et des programmes.

Rôle de défenseur

Les participants à la recherche ont discuté de la façon dont chacun de ces rôles peut différer selon la phase de la catastrophe. Par exemple, les participants ont décrit le rôle de défenseur auprès des employeurs pour les plans de continuité des activités en préparation d’une catastrophe et le rôle de défenseur au nom d’une famille auprès d’une compagnie d’assurance pendant la phase de rétablissement. Les travailleurs sociaux défendent également les besoins des populations vulnérables après une catastrophe. Les participants aux entretiens ont donné des exemples de plaidoyer pour des programmes pour enfants avec de la danse et du mouvement pour aider à les réguler et de plaidoyer pour des services spécialisés pour les personnes âgées qui sont plus vulnérables aux abus, à la fraude et à la maltraitance des personnes âgées au lendemain d’une catastrophe. Certains participants à l’étude ont parlé de défendre les besoins des personnes évacuées pendant l’intervention et de faire en sorte que leur lieu de travail réponde à leurs propres besoins alors qu’ils étaient déplacés de la communauté.

Évaluations

Dans toutes les phases de la catastrophe, les travailleurs sociaux se sont engagés dans divers types d’évaluations. Les travailleurs sociaux et les professionnels des services sociaux travaillent avec les individus et les familles pour identifier leurs besoins et les aider à trouver les services appropriés dans la communauté. Les travailleurs sociaux ont également la connaissance nécessaire des organisations communautaires et de leurs rôles afin de les aiguiller vers les services appropriés.

Développement communautaire

Tout au long des phases de la catastrophe, les participants ont décrit leur engagement dans des activités de développement communautaire, comme la création et le maintien de programmes destinés à renforcer la résilience et à rassembler les voisins et les enfants en détresse pour favoriser le soutien mutuel. Les travailleurs sociaux ont décrit avoir fait cela sur leur lieu de travail, par le biais de sessions de débriefing informelles à la fin de longues journées de travail axées sur le rétablissement.

Mobilisation des connaissances

Les travailleurs sociaux ont mobilisé leurs connaissances sur les traumatismes, l’intervention en cas de crise et d’autres stratégies de bien-être mental pour informer les premiers intervenants et les professionnels de la gestion des urgences des besoins non physiques des membres de la communauté dans un contexte de catastrophe. Ils ont également mobilisé leurs connaissances des services sociaux communautaires pour coordonner la collaboration et le partenariat entre les organisations pendant le rétablissement afin de s’assurer que les personnes touchées par la catastrophe continuent d’avoir accès aux services dont elles avaient besoin avant la catastrophe et aux services sociaux de rétablissement.

Services et programmes

Dans les phases d’atténuation et de préparation, les travailleurs sociaux plaident pour des options équitables pour atténuer les catastrophes dans les communautés, ils fournissent une éducation et une formation pour aider les individus et les familles à se préparer aux catastrophes et aux urgences. Les travailleurs sociaux élaborent des programmes d’études, facilitent la formation (par exemple, les premiers secours psychologiques) et renforcent les capacités de la profession. Les travailleurs sociaux ont souvent dû faire des recherches et plaider en faveur des programmes de rétablissement après une catastrophe des gouvernements fédéral et provinciaux et des organisations non gouvernementales (ONG), afin d’aider leurs clients qui ont été déplacés de la communauté.

Pendant les phases d’intervention et de rétablissement, les résultats montrent que les travailleurs sociaux et les professionnels des services sociaux fournissent des conseils, des interventions en cas de crise et des soins tenant compte des traumatismes. Ils fournissent également un soutien au rétablissement à long terme aux membres de la communauté qui connaissent des problèmes de santé mentale, de stress, d’impact financier et autres pendant des années après la catastrophe. Les travailleurs sociaux ont pu utiliser ces compétences pour soutenir à la fois les civils de la communauté et les premiers intervenants. Les travailleurs sociaux, qui sont intégrés dans la communauté, rendent visibles ces impacts à long terme, comprennent leur lien avec une ou plusieurs catastrophes qui ont eu un impact sur la communauté et sont capables de répondre aux besoins uniques et changeants des individus dans les années qui suivent les catastrophes.

Le soutien par les pairs a été mentionné comme une activité clé dans les phases d’intervention et de rétablissement. Les réseaux de soutien par les pairs ont été identifiés par les travailleurs sociaux qui ont participé aux efforts de rétablissement après une catastrophe comme quelque chose qu’ils aimeraient voir davantage pour aider à prévenir l’épuisement et à maintenir la santé mentale pendant la période de rétablissement. Certains travailleurs sociaux se sont engagés dans le soutien par les pairs par le biais de débriefings à la fin de chaque journée de travail ou d’appels téléphoniques de contrôle avec des amis et des collègues. Les travailleurs sociaux qui ont participé à ces activités les ont qualifiées d’essentielles à leur bien-être pendant le rétablissement après une catastrophe.

Comme l’indique le tableau 1, ces rôles ne sont pas strictement divisés entre les phases de la catastrophe, mais plutôt, de nombreux rôles se chevauchent et se renforcent mutuellement. Cette étude a démontré que les rôles des travailleurs sociaux en cas de catastrophe sont essentiels. Les travailleurs sociaux reconnaissent la dignité inhérente à l’humanité, valorisent les relations et instaurent la confiance, ce qui est important en période de catastrophe et d’urgence. Pendant toutes les phases de la catastrophe, les travailleurs sociaux mettent l’accent sur les besoins psychosociaux et de santé mentale des membres de la communauté, sur l’importance de services accessibles et intégrés, sur le soutien à la sécurité et au bien-être des personnes marginalisées, ainsi que sur la planification, le soutien et les soins à long terme après une catastrophe. Les travailleurs sociaux et les professionnels des services sociaux apportent une connaissance approfondie des besoins, des forces et des vulnérabilités des communautés, qui peut être mise à profit pour mieux atténuer les effets des catastrophes, s’y préparer, y répondre et s’en remettre. Ces éléments et les rôles des travailleurs sociaux dans les catastrophes font du travail des travailleurs sociaux et des professionnels des services sociaux en cas de catastrophe une composante nécessaire de la gestion des urgences et des services sociaux d’urgence. Bien que les travailleurs sociaux et les professionnels des services à la personne exercent ces activités depuis un certain temps, ils n’ont pas toujours été reconnus dans les contextes de gestion des urgences. Il est nécessaire de multiplier les possibilités de formation et de collaboration interdisciplinaire, notamment lors des phases de planification et d’intervention.

 Recommandations pour les professionnels de la gestion des urgences :

  • Reconnaître le rôle important et les contributions des travailleurs sociaux et des professionnels des services humains pour le travail qu’ils effectuent dans toutes les phases de la catastrophe.
  • faciliter la collaboration interprofessionnelle avec les travailleurs sociaux et les professionnels des services à la personne
  • Inclure les praticiens du travail social et les professionnels des services à la personne dans la planification des catastrophes.
  • Établir des relations et faciliter les connexions communautaires
  • Organiser conjointement des formations et des opportunités de développement professionnel.
  • Soutenir la santé mentale et le bien-être dans toutes les phases de la catastrophe.
  • Reconnaître et mettre en œuvre une approche globale de la société.

Conclusion and Recommandations

Cette étude visait à mieux comprendre le rôle des praticiens du travail social et des professionnels des services humains dans le rétablissement à long terme après une catastrophe. Les résultats montrent que les travailleurs sociaux et les praticiens des services humains jouent de plus en plus de rôles critiques et importants, non seulement dans le rétablissement, mais dans toutes les phases de la gestion des catastrophes. Les travailleurs sociaux et les professionnels des services à la personne offrent des ressources supplémentaires à court et à long terme par rapport aux bénévoles des services sociaux d’urgence. Les professionnels du travail social et de la gestion des urgences partagent un intérêt croissant pour la satisfaction des besoins des populations vulnérables qui sont touchées de manière disproportionnée par les catastrophes (Enarson et al., 2007).

Les conclusions appellent à une plus grande collaboration interdisciplinaire et à un partenariat pour améliorer le rétablissement des individus, des familles, des groupes et des communautés après une catastrophe. Les résultats de cette recherche font écho à l’appel en faveur d’une approche globale de la société et de collaborations interprofessionnelles promues par le Cadre de Sendai et la Stratégie de gestion des urgences du Canada. Les implications d’une telle démarche ouvrent de nombreuses possibilités. Les gestionnaires des urgences mettent déjà l’accent sur la nécessité de mieux reconstruire en renforçant les infrastructures physiques existantes et en en construisant de nouvelles. Parallèlement, les travailleurs sociaux travaillent déjà avec les communautés pour améliorer le bien-être général et la résilience des individus et des communautés par le biais de plans, de programmes et de politiques. Une collaboration interprofessionnelle accrue entre les gestionnaires des urgences et les travailleurs sociaux renforcerait le principe de mieux reconstruire, qui constitue la priorité 5 (CFP, 2019). De plus, les travailleurs sociaux et les gestionnaires des urgences pourraient travailler ensemble pour aider les communautés à élaborer leurs propres profils de risque et de vulnérabilité afin d’améliorer la résilience pour répondre à la priorité 2 (CFP, 2019). Ensuite, grâce à des collaborations interprofessionnelles, des plans d’urgence communautaires peuvent être élaborés en utilisant une approche de la société dans son ensemble (Priorités 1-3). Les travailleurs sociaux peuvent inviter et impliquer diverses populations dans le processus de planification avec les gestionnaires des urgences. Cela pourrait inclure des ateliers communautaires pour l’élaboration de plans d’urgence. Un autre exemple serait que les bureaux de gestion des urgences engagent également des travailleurs sociaux aux côtés des gestionnaires des urgences (priorité 2).

Des recherches futures sont nécessaires pour identifier et imaginer comment les praticiens du travail social et les gestionnaires des urgences pourraient renforcer davantage les collaborations interprofessionnelles pour une approche globale de la société pendant toutes les phases de la catastrophe. Cela est nécessaire pour relever les nombreux défis associés aux catastrophes au XXIe siècle.

Références

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Alston, M., Hazeleger, T., & Hargreaves, D. (2019). Social work and disasters: A handbook for practice. Routledge.

Brown, M., Agyapong, V., Greenshaw, A. J., Cribben, I., Brett-MacLean, P., Drolet, J., McDonald-Harker, C., Omeje, J., Mankowski, M., Noble, S., Kitching, D., & Silverstone, P. (2019). Significant PTSD and other mental health effects present 18 months after the Fort McMurray Wildfire: Findings from 3,070 Grade 7-12 Students. Frontiers in Psychiatry, 10(623), 1-14. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2019.00623

Canton, L. G. (2020). Emergency Management (2nd ed.). Wiley.

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